Optique des LASER et faisceaux gaussiens

III. Les faisceaux gaussiens

2. Onde sphérique gaussienne


Nous allons introduire ici une généralisation des solutions mathématiques de l'équation de Helmholtz, dont nous détaillerons par la suite la signification physique.

Considérons les solutions de l'équation de Helmholtz correspondant à des faisceaux qui se propagent globalement selon \(Oz\), avec des rayons paraxiaux.

La solution s'écrit de façon générale sous la forme suivante : \[E(x, y, z) = \psi (x, y, z) e^{-ikz}\] où \(\psi (x, y, z)\) est une fonction complexe lentement variable qui représente les différences entre un faisceau laser et une onde plane homogène.

En remplaçant cette solution dans l'équation de Helmholtz et en faisant l'hypothèse que les variations de \(\psi (x, y, z)\) dans la direction \(Oz\) sont négligeables sur une distance de l'ordre de la longueur d'onde (soit \(\lambda \lvert \frac {\partial \psi}{\partial z}\rvert \ll \lvert \psi \rvert\) et \(\lambda \lvert \frac {\partial ^2 \psi}{\partial z^2}\rvert \ll \lvert \frac {\partial \psi}{\partial z}\rvert\)), on peut réécrire l'équation d'onde paraxiale sous la forme : \[\frac {\partial ^2 \psi}{\partial x^2}+\frac {\partial ^2 \psi}{\partial y^2} -2ik \frac {\partial \psi}{\partial z}=0\]

Remarque:

On retrouve ici la forme de l'équation d'onde de Schrödinger pour une particule libre dans un espace à 2D \((x,y)\) avec le temps \(t\) remplacé par \(z\).

Les solutions de l'équation d'onde paraxiale sont connues. On peut ainsi vérifier facilement qu'une fonction (il en existe d'autres) de la forme : \[\psi (x, y, z) = e^{-i\left(\Delta \phi (z) + \frac k {2q(z)}(x^2+y^2)\right)}\] est solution, avec :

Cette solution particulière, appelée « Mode fondamental Gaussien », est la plus importante en pratique dans les résonateurs lasers. Nous allons donc la traiter en détails par la suite.

En substituant l'expression de \(\psi(x, y, z)\) dans l'équation d'onde paraxiale, on obtient que pour tout \((x,y)\) : \[\left( \frac {k^2}{q^2} (x^2+y^2) \left(\frac {dq}{dz} -1 \right) -2k \left( \frac{d\Delta\phi}{dz} + \frac i q\right)\right)\psi = 0\]

On en déduit que \(q(z)\) et \(\phi(z)\) doivent vérifier : \[\frac{dq}{dz}=1 \Rightarrow q(z)=q_0+z\ avec\ q_0=q(0)\] \[\frac{d\Delta \phi}{dz}=-\frac i q \Rightarrow \Delta\phi(z)=-i\ ln\left(\frac{q_0+z}{q_0}\right)\ si\ \Delta \phi(0)=0\]

De plus on pose \(\frac 1 {q(z)}=\frac 1 {R(z)}-i\frac {\lambda}{\pi w^2(z)}\)

On a alors \[e^{-i\Delta\phi(z)} = \frac 1 {1 + \frac z {q_0}}=\frac 1 {1+\frac z {R_0}-\frac{i\lambda z}{\pi w_0^2}}\] où les indices 0 indiquent les valeurs en \(z=0\). Si on choisit à l'origine un rayon de courbure infini (c'est à dire une surface d'onde plane), on a \(q_0=i\frac{\pi w_0^2}{\lambda}\). On peut alors facilement montrer que : \[\frac 1 {q(z)}=\frac 1 {q_0 + z} = \frac {\frac{1}{q_0}} {1+\frac z {q_0}}= \frac 1 {1+\left(\frac {\lambda z}{\pi w_0^2}\right)^2}\left(\frac 1 z \left( \frac {\lambda z}{\pi w_0^2} \right)^2-i \frac \lambda {\pi w_0^2} \right)\]

En identifiant cette dernière relation avec \(\frac 1 R -i \frac \lambda {\pi w^2(z)}\) on déduit : \[R(z)=z+\frac{Z_R^2}{z}\ avec\ Z_R=\frac {\pi w_0^2} \lambda\] \[w(z) = w_0\sqrt{1+\left(\frac z {Z_R}\right)}\]

D'autre part: \[e^{-i\Delta \phi (z)}=\frac 1 {1-\frac {iz}{Z_R}}=\frac 1 {\sqrt{1+\left( \frac z {Z_R}\right)^2}}e^{i\zeta (z)} \ ou \ tan(\zeta (z))=\frac z {Z_R}\] avec :

\[e^{-ik\frac {r^2}{2q}} = e^{-ik \frac {r^2}{2R}}e^{-\frac {r^2}{w^2}}\] où on est passé en coordonnées cylindriques (\(r^2=x^2 + y^2\))

Fondamental

Finalement, en regroupant toutes ces expressions, on obtient la relation suivante, qui est l'expression fondamentale de l'onde sphérique gaussienne : \[E(x, y, z)=K \frac 1 {w(z)} e^{-ik(z)} e^{i\zeta(z)} e^{-ik \frac {x^2+y^2}{2q} }\]

C'est là qu'apparaît le profil transverse gaussien en tout point \(z\) de l'onde considéré. Le profil d'intensité (proportionnelle au carré du champ) du faisceau gaussien sera donc (voir figure 10) : \[I(r, z) = I_0(z)e^{\frac {-2r^2}{w^2(z)}}\]

fig10

Figure 10 : Profil d'intensité gaussien.

Définition :

Ce paramètre \(w\) est minimal à l'origine \(z=0\), où le rayon de courbure \(R\) est infini. Sa valeur est alors notée \(w_0\) et on parle du « waist » du faisceau (on dit parfois « col » en français)

Définition :

\(Z_R = \frac {\pi w_0^2}{\lambda}\)est appelée la longueur de Rayleigh et décrit la divergence du faisceau (voir plus loin).

On rappel aussi que :

Définition :

\(tan(\zeta)=\frac {\lambda z}{\pi w_0^2}\) et \(\zeta (z)\) est souvent appelé « déphasage de Gouy ».